Aychek, Barsha, Ya3tik Essaha: L’art de parler tunisien sans parler arabe

Le tunisien, on ne l’a pas appris, on l’a vécu. Et aujourd’hui, on choisit de l’écrire. De le revendiquer. Ce post, c’est pour ceux qui le parlent, qui l’aiment, ou qui veulent le découvrir.

Asslemaa.

C’est par ce mot que commence chaque rencontre sur ce blog. Un mot simple, doux et direct, qui dit bien plus qu’un simple “hello” : il ouvre la porte à une langue unique, celle que parlent des millions de Tunisiens au quotidien, souvent sans même y penser.

Ce dialecte, notre derja, c’est notre vrai lien.

Celui qu’on n’apprend pas à l’école, mais qui nous suit depuis toujours : dans les souks, dans les taxis, dans les cafés, dans les appels entre famille, entre amis, et même entre les générations.

Tu l’entends partout

– “Aycheek” quand on tend un café, un service,

– “Barsha” c’est beaucoup

– “Ya3tik Essaha” pour remercier sincèrement, sans formalisme,

– “Mouch mochkil”, “Nharek Zin”, “Famma Hajaa” …

Des mots qui glissent, qui cognent parfois, qui consolent souvent. Des mots qui disent la Tunisie telle qu’elle est : expressive, rapide, pleine de nuances, avec ce mélange d’arabe, de français, d’anglais, d’intonations héritées des médinas et des ports.

Et pourtant, combien d’entre nous ont déjà entendu que ce dialecte n’était “pas du vrai arabe” ? Combien l’ont vu effacé, jugé, censuré même dans les médias et dans d’autres pays ? Comme si notre langue du cœur n’était pas assez noble pour être reconnu.

Et pourtant, aujourd’hui plus que jamais, elle revient. Elle s’écrit, elle s’écoute, elle se chante. Sur Insta, dans les podcasts, dans les vidéos TikTok, dans les romans et les campagnes sociales.

Parce qu’on a compris une chose : le tunisien, ce n’est pas un arabe “déformé”, c’est une identité linguistique à part entière.

Et quand tu parles tunisien, tu ne fais pas que parler. Tu ramènes avec toi une ambiance, un pays, une manière de voir le monde.

Ce post n’est pas une leçon de linguistique

C’est une invitation à tendre l’oreille. À écouter la derja dans ses détails, ses accents régionaux, ses expressions farfelues, ses mots d’amour, de colère, de fierté.

À s’émerveiller de ce langage qui n’a pas besoin de traduction pour être compris entre nous. À revendiquer notre façon de parler comme une richesse, pas un défaut.

Alors…

Asslemaa, et bienvenu.e dans un pays où la langue du quotidien a mille couleurs.

Un pays où même dire merci devient un acte de poésie. Aycheek Barchaaa Barchaa

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