Les souks, ou comment tout négocier : petite leçon d’art et de stratégie, à la tunisienne

Marchander n’est pas qu’un réflexe économique en Tunisie. C’est une tradition, un jeu de rôle, une danse verbale bien huilée. Derrière chaque négociation, il y a une logique, un art, un respect des codes. Bienvenue dans l’arène colorée des souks tunisiens.

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« Trois dinars ? C’est cher, je te les prends à deux. »

Pour les Tunisiens, marchander, ce n’est pas simplement baisser un prix. C’est entrer dans une scène où chacun connaît les règles, même sans les avoir apprises. C’est une culture, une manière d’établir un lien, de tester l’autre, parfois même de se raconter. Mais d’où vient cette habitude si bien ancrée ? Et pourquoi ça fascine autant, ou ça déroute, les visiteurs étrangers ?

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Le souk, plus qu’un lieu de commerce

Avant d’être un marché, le souk est un espace social. On y discute, on observe, on vit.

Chaque souk (celui de Sfax, de Kairouan, de Tunis ou de Nabeul…) a son ambiance, ses règles, ses personnages. Ce n’est pas un simple lieu de vente, c’est une scène vivante. Les vendeurs connaissent leur produit, bien sûr, mais surtout, ils connaissent les gens.

Négocier, un sport mental

En Tunisie, marchander fait simplement partie du jeu social, un échange où chacun a son rôle à jouer. L’échange commence par un sourire, une touche d’humour ou de comédie. Le vendeur annonce un prix qu’il sait trop élevé. Le client contre-attaque. On discute. On plaisante. On fait semblant de partir. Et parfois… on gagne.

Ce que beaucoup ne comprennent pas : ce n’est pas le prix final qui compte. C’est le moment partagé. Une négociation réussie, c’est celle où tout le monde a le sourire à la fin.

Pourquoi c’est important de le raconter ?

Parce que cette culture de la négociation en dit long sur le rapport au lien social en Tunisie, sur la créativité verbale, sur l’humour typiquement tounsi.

Mais aussi parce que dans un monde où tout est fixé, figé, uniformisé… le souk reste un espace vivant, flexible, humain.

Et surtout, pour toi qui lis cet article, que tu sois tunisien.ne ou curieux.se de notre culture : Tu découvriras peut-être un art de vivre que tu ne soupçonnais pas.

Quelques règles tacites du souk (et pas si absurdes !)

Ne jamais acheter au premier prix. Tu peux facilement le baisser de 15 à 30 %.

Toujours commencer avec le sourire. Le vendeur te jauge autant que tu le jauges.

Ne marchande pas si tu n’as pas l’intention d’acheter. C’est mal vu.

Ne te fâche jamais. L’humour est la meilleure arme.

N’aie pas peur de partir. C’est souvent à ce moment que le prix baisse !

Marchander, c’est parler la langue du souk. Et cette langue, en Tunisie, tout le monde la comprend.

En lisant cet article, tu n’as pas appris “comment gratter 3 dinars”. Tu as compris que le souk est une micro-société, que la négociation est un rituel culturel, et que la Tunisie, ce n’est pas qu’un décor…

C’est une manière d’interagir, de communiquer, de vivre l’échange.

✅ Tu veux tester ? Va au souk de Bab Bhar un samedi matin et ENTRE DANS LE JEU.

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