Plus qu’une sauce, une identité tunisienne
Si tu demandes à un Tunisien ce qu’il met dans son sandwich, il y a une forte chance qu’il te réponde « du thon, des olives… et surtout de la harissa ! » .
Parce que OUIIII, en Tunisie, la harissa n’est pas juste un condiment, c’est une histoire de famille, une signature, presque un ADN culinaire.

Un peuple baptisé « Sha3b el Harissa »
Nous, on est « Sha3b el Harissa », et on en est fiers ! Que ce soit sur Twitter après un match de la Tunisie ou dans les discussions entre expatriés, on revendique notre amour inconditionnel pour notre or rouge national.
Si tu as suivi les dernières Coupes du Monde, tu as sûrement remarqué que la harissa est presque devenue notre porte-drapeau officieux. Devine ce que les commentateurs étrangers adorent mentionner en parlant de nous ? Pas seulement notre jeu, mais aussi notre amour du piquant ! Pendant le Mondial 2018, un journaliste anglais avait même déclaré :
🗣 « La Tunisie est l’équipe la plus épicée du tournoi, et pas seulement sur le terrain. »

On ne compte plus les memes sur « Sha3b el Harissa », ce surnom qui nous colle à la peau sur les réseaux sociaux. Parce qu’avouons-le, on met de la harissa partout, et surtout, on en parle avec une fierté presque patriotique.
C’est notre réponse épicée à toutes les situations : un plat fade ? Harissa. Un sandwich basique ? Harissa. Une mauvaise journée ? Harissa.

Un peu d’histoire (mais promis, pas trop long !)
La harissa trouve ses origines au XVIe siècle, quand les Espagnols ont introduit le piment en Méditerranée après leurs voyages en Amérique du Sud. Les Tunisiens, jamais à court d’idées, ont rapidement compris le potentiel de cette petite bombe rouge. Résultat ? Un mélange explosif de piments séchés, d’ail, de coriandre, de carvi et d’huile d’olive, qui traverse les générations sans jamais perdre son intensité.
Elle est même inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO depuis 2022, preuve qu’on ne plaisante pas avec notre or rouge national.

Cap Bon & Nabeul : Le fief de la harissa
Si la harissa est ancrée dans notre identité, c’est en grande partie grâce à Cap Bon, et plus précisément Nabeul, où elle est élevée au rang de véritable institution. Là-bas, chaque famille a sa propre recette, et la préparation suit un rituel bien précis, souvent transmis de génération en génération.
Dès le mois d’octobre, les étals des souks de Nabeul se parent de piments rouges séchés au soleil, étalés avec soin sur des draps en coton. Ces piments sont ensuite broyés à la meule de pierre, mélangés à de l’ail, du sel et de l’huile d’olive pour donner naissance à cette pâte magique au goût unique. Le secret ? Une fermentation naturelle qui donne à la harissa du Cap Bon cette saveur inimitable.
D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si la première harissa tunisienne labellisée AOP (Appellation d’Origine Protégée) vient de cette région. Le Cap Bon ne produit pas seulement de la harissa, il l’élève au rang d’art culinaire.



Mais pourquoi est-ce si important pour nous ?
La harissa, ce n’est pas juste une question de goût, c’est un rituel, un bout de notre histoire, un héritage, une émotion.
C’est le parfum des cuisines traditionnelles, où nos grand-mères touillent amoureusement leurs marmites en ajoutant « encore un peu de harissa, juste pour relever ».
C’est la touche qui transforme un plat : un couscous, un sandwich, même une pizza deviennent plus tunisiens dès qu’on y ajoute cette pointe de rouge.
Une flamme qui réchauffe le cœur (et la bouche), en hiver, une cuillère de harissa dans un bol de lablabi (soupe de pois chiches) et te voilà prêt à affronter une tempête !
La harissa, Une tradition qui se transmet avec amour (et beaucoup de larmes à cause du piment ).

La harissa, une fierté nationale !
Quand un Tunisien part vivre à l’étranger, il peut oublier quelques habitudes, mais il n’oublie jamais sa harissa. On en trouve cachée dans les valises entre deux paquets de makroud, et même ceux qui ne cuisinent jamais en ont un pot d’urgence dans leur frigo.
Et puis, soyons honnêtes, on juge secrètement les autres pays sur leur tolérance au piquant. Tu as déjà vu un Tunisien goûter une sauce « piquante » à l’étranger ? Son verdict : « Wallah c’est sucré ton truc ».
La harissa, c’est plus qu’un condiment, c’est une émotion, une identité, une fierté tunisienne… Elle traverse le temps, s’adapte à tous les plats.
Alors, la prochaine fois que tu en mets dans ton assiette, souviens-toi : ce n’est pas juste du piment, c’est un bout de Tunisie que tu dégustes.

Et toi, t’es du genre à en mettre juste un peu, ou à en rajouter jusqu’à transpirer ?